Davo

Davo est un brillant ingénieur maudit par l’infortune familiale : il est le petit-fils d’Anba, le premier scientifique à avoir découvert le tachyon, une particule hypothétique dont les propriétés supraluminiques permirent de réduire drastiquement les coûts de la colonisation et du commerce interstellaires. La clique qui dirigeait les conglomérats sirusiens prétendit rapidement avoir la maîtrise de cette technologie et spolia Anba de ses droits à la propriété intellectuelle, le dépossédant de son brevet et effaçant ses recherches des registres publics au nom des lois sur la confidentialité. Blacklisté, fauché et désabusé, Anba émigra avec sa famille, dont Esqa, le père de Davo, dans les colonies du bout du monde, en quête d’un nouveau départ, finissant par s’installer sur Terre, au service de Yahweh.

Accepter Anba était une démarche totalement intéressée pour Yahweh. Dans l’espoir qu’un miracle se reproduirait, il fit en sorte que le contrat d’Anba stipule que sa rémunération dépendrait de la valeur de ses découvertes. Anba paya le prix fort en essayant de retrouver le brio avec lequel il avait mené ses recherches autour du tachyon : il succomba à une rupture d’anévrisme, due à son stress continu. Esqa, apprenti de son père et désireux de subvenir aux besoins de sa famille – sa femme était alors enceinte, n’eut pas vraiment d’autre choix que de reprendre le contrat d’Anba. Le semblant de stabilité allait néanmoins être de courte durée : l’encre du contrat avait à peine séché que Yahweh était condamné à l’exil sur Caspius. Conformément aux lois sirusiennes, Esqa et sa famille – en tant que travailleurs sous contrat – étaient liés au destin de Yahweh : ils furent obligés de le suivre dans son exil. C’est ainsi que Davo naquit sur Caspius, se voyant là gratifié du nébuleux titre de fils premier-né de la planète.

Comme son père et son grand-père avant lui, Davo eut une âme d’ingénieur dès l’enfance. Même s’il fut privé des opportunités qu’eurent ses ancêtres, le jeune homme, calme et travailleur, se tailla la réputation d’être capable de réparer tout et n’importe quoi : il devint une référence non seulement pour les exilés mais aussi leurs superviseurs. Quand il fut question de réparer la Gloire, l’ancien vaisseau de Yahweh, pour ramener le corps de ce dernier et des autres exilés sur Soma, Davo fut choisi à l’unanimité pour diriger le projet.

La Gloire était alors un vieux vaisseau au fonctionnement rudimentaire mais l’amour inné de Davo pour tous les objets construits lui conférait une passion et des aspirations dont très peu d’exilés caspiens faisaient l’expérience. Les années passèrent et la Gloire devint le sanctuaire de Davo – tout comme son salut. Bricoler des tuyères dès les premières lueurs du jour était sa mission et il la remplissait avec joie, plein d’admiration pour ces systèmes conçus pour fonctionner uniquement de manière mécanique. Pour lui, le rugissement des moteurs de la Gloire, qui brûlaient d’une vie et d’une chaleur uniques, était à l’image de la voix de Dieu, et c’est à ce Dieu qu’il adressait ses prières de délivrance pour atteindre la liberté qu’il ne pouvait atteindre.