Article 4201 du CODEX : Vampires et sang
Le sang, humain ou animal, est le quatorzième produit le plus commercialisé dans le monde. En 2019, les exportations de sang ont atteint 201 milliards de dollars, 60 % de plus qu’à peine trois ans auparavant. 80 % des échanges concernent l’Europe – l’Allemagne et la Suisse caracolant en tête, mais les États-Unis fournissent à l’Europe 70 % du plasma sanguin brut. Les exportations de sang représentent 2,3 % des exportations totales des États-Unis, ce qui correspond à plus de 30 milliards de dollars, et se situent à la septième place des produits échangés, devant l’aéronautique, l’huile, le soja, le maïs, les ordinateurs et l’or. On s’attend en outre à ce qu’elles atteignent 44 milliards de dollars d’ici 2024. En Suisse, le sang, qu’on utilise comme matière première dans l’industrie pharmaceutique, est le troisième produit le plus échangé, après les médicaments eux-mêmes et l’or.
Au cœur de ce commerce se trouve le plasma sanguin. Alors que, dans la plupart des pays, le sang récolté est un don, seulement 20 % du plasma atteint les hôpitaux : le reste est vendu à l’industrie pharmaceutique. Des associations caritatives, comme la Croix-Rouge, vendent leur plasma sanguin en prétendant qu’il s’agit de dons pour les hôpitaux. Le Royaume-Uni autorise aujourd’hui qu’on monnaye 150 $ des « dons » de sang qui seront utilisés pour « essais médicaux », mais aux États-Unis, les centres paient le don entre 20 et 50 $ et transportent le plasma dans des pays tels que la Chine ou les Pays-Bas pour lui administrer des traitements supplémentaires. Des sociétés européennes comme Grifols, Octapharma et CSL se disputent 700 points de collecte de sang, la plupart du temps dans des quartiers américains défavorisés. Les États-Unis ont, en outre, moins de restrictions quant au nombre de « dons » que les gens peuvent faire : on peut faire un don deux fois par semaine, pour 200 $ par mois. Même si des études montrent que les dons de sang et de plasma fréquents sont néfastes pour la santé des donneurs et que 70 % d’entre eux ont déjà eu des effets secondaires indésirables, certains habitants pauvres comptent sur ces dons pour payer leur loyer et leurs produits de première nécessité. Or, bien que l’on puisse dépister les maladies infectieuses comme le VIH ou l’hépatite dans les prises de sang, il y reste toujours des résidus élevés de drogue car de nombreux donneurs sont des toxicomanes qui vendent leur sang pour s’acheter de la drogue. ProPublica a publié une enquête révélant que des milliers de mexicains traversent la frontière avec des visas temporaires pour vendre leur plasma aux États-Unis et qu’il existerait au moins 43 centres de don près de la frontière. Dans cinq de ces centres, les employés ont estimé que 90 % des donneurs étaient des citoyens mexicains dotés de visas temporaires et que leur don de plasma aux États-Unis était la seule source de revenus de plusieurs d’entre eux.
On les désigne comme des « éleveurs de sang » – une expression forgée quand on a découvert ces pratiques en Inde : en 2008, 17 personnes ont pu s’échapper d’une « ferme à sang » près de la frontière indo-népalaise. On leur faisait 16 prises de sang par mois. Il y a 3 000 fois plus de chances qu’un malade atteint du VIH ait contracté le virus via une transfusion sanguine en Inde qu’aux États-Unis. En Inde, on a trouvé des échantillons de sang dilués avec de l’eau non filtrée ou une solution saline.
Le trafic de parties de corps humain est également monnaie courante. En 2014, des agents du FBI vêtus de combinaison de protection ont perquisitionné le Biological Resource Center (BRC), un établissement conservant des corps donnés à la science, suite à une dénonciation selon laquelle le centre en vendait certaines parties. D’après le témoignage d’un ancien agent spécial adjoint du FBI, ils y ont trouvé un « frigo rempli d’organes génitaux masculins et des seaux remplis de têtes, de bras et de jambes ». Le FBI a également trouvé la tête d’une femme cousue sur un large torse d’homme accroché à un mur.