ARTICLE 1021 DU CODEX : Baalbek
La résidence principale de Baal, dans la plaine de la Bekaa, au Liban, a été construite en au moins trois fois, et pour chaque étape, on s’est servi des pierres de la construction précédente. Cet amalgame de temples, voués à Jupiter, Vénus et Mercure, pour la période romaine, mêlés aux ruines du temple de Bacchus pour la période grecque, se situe sur les vestiges d’un site phénicien.
Bien que les colonnes des temples grecs et romains soient majestueuses, c’est l’échelle et l’agencement des vieux podiums qui déconcertent les archéologues, mais ils se retranchent presque tous derrière l’hypothèse que ce sont aussi des constructions romaines.
En 1860, le diplomate écossais David Urquhart arriva à Baalbek et raconta se trouver « paralysé par l’impossibilité de la solution. Des pierres tellement énormes qu’elles chassaient toute autre pensée, en même temps qu’elles troublaient l’esprit. » Ses pensées le menèrent vite à une question plus importante : savoir pourquoi on avait utilisé des blocs aussi gros.
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Comme la Pierre Occidentale de la Voie du Maître, qui pèse 600 tonnes, mesure 13,7 x 3,2 x 4,2 m et a été mise au jour lors des fouilles sous le mont du Temple de Yahweh, à Jérusalem², le podium de Baal est construit sur cinq niveaux, avec des blocs de pierre de plus en plus larges : le niveau supérieur, constitué de blocs de 4,2 x 3,6 x 19 m et pesant 900 tonnes, est le plus gros. La Pierre d’Istrie, qui pèse 230 tonnes et est la plus grosse de Rome, semble à côté minuscule. Baalbek, rebaptisée Héliopolis, ne fut conquise que par les Romains, rapidement, en 65 av. J.-C., devenant un territoire stable à partir de l’an 10 après J.-C. Mais Héliopolis se situait vraiment aux confins de l’Empire et l’idée répandue que le temple romain le plus gros et le plus cher jamais construit soit à cet endroit semble improbable. Il semblait en revanche essentiel aux envahisseurs romains et grecs qui cherchaient à asseoir leur pouvoir de construire par-dessus ces imposantes structures anciennes plutôt que de rester dans leur ombre. Il y a de nombreux exemples à travers le monde d’envahisseurs qui réquisitionnent des sites religieux clés et y font des modifications superficielles en pillant systématiquement les blocs de construction, effaçant les inscriptions et ajoutant des éléments décoratifs. La même chose s’est produite sur le site du Mont Sacré de Yahweh, à Jérusalem, avec la mosquée Al-Aqsa, au 8e siècle av. J.-C.
Les archéologues du 19e siècle ont eu le même besoin irrésistible de présenter le progrès comme linéaire, l’auteur s’y trouvant au zénith. Il travaillait à l’envers, faisant des conjectures avec une technologie, des compétences, une intelligence et une intégrité toujours plus primaires. Cela lui demandait d’ignorer totalement les preuves physiques de l’existence des structures qui l’entouraient et de changer en mythes la pléthore de plaques écrites, de sceaux cylindriques et de tablettes qui décrivaient comment les dieux avaient conçu ces structures et s’en étaient servi. Cette approche singulièrement non scientifique, ignorant délibérément des preuves physiques et écrites pour aboutir à des hypothèses intellectuellement rassurantes, a créé un malheureux précédent.
Références:
¹ Podium II à Baalbek
² Dan Bahat, The Jerusalem Western Wall Tunnel