Article 2450 du CODEX: Trading Haute Fréquence (THF)
Le trading haute fréquence, (THF, en anglais high-frequency trading) correspond en moyenne à 40 % du volume du marché des actions et 15 % du volume du marché des devises et matières premières. Les traders haute fréquence ne conservent pas leur portefeuille pendant la nuit et leurs risques sont donc moins élevés que ceux des firmes aux investissements à long terme plus usuels. Toutes leurs stratégies impliquent de réduire le temps de latence résidant entre la soumission d’un ordre et son exécution et de profiter de leur ultra rapidité pour « battre » les ordres d’un serveur boursier et acheter ou vendre des actions en avance par rapport au marché, pour les vendre par la suite, une fois que les ordres du marché arrivent à un prix légèrement plus haut ou plus bas. Ceci se fait de deux façons : la première est liée à la vitesse de l’accès au marché. Les traders haute fréquence sont généralement en contact avec les principales bourses grâce à des liaisons câblées ou hertziennes qui sont plus rapides ou directes que celles utilisées pour les ordres du marché traditionnel. Ou alors ils paient un supplément pour placer leur serveur à l’intérieur de la bourse et réduire ainsi la latence. Avec l’une de ces techniques, ou les deux à la fois, les fonds du THF ne laissent plus qu’une toute petite offre ouverte à la bourse de Chicago pour une action spécifique. Il s’agit simplement d’un moyen de trouver des marchés. Quand cette bourse reçoit un ordre important et que l’offre est déclenchée, un signal est rapidement envoyé en avance sur les réseaux de THF et les traders achètent les actions dans le New Jersey avant que l’offre n’arrive sur le marché : l’offre THF arrive quelques microsecondes avant l’offre de départ. Il y a une marge dans l’offre de départ, aussi, quand la première offre est rejetée, l’offre est-elle automatiquement légèrement augmentée à l’intérieur de cette marge. Les traders haute fréquence reproposent alors sur le marché les actions qu’ils viennent d’acheter, à un prix supérieur de 0,1 % du prix d’achat. L’offre de départ, faiblement augmentée, arrive alors et les actions HFT sont achetées. Comme le volume de titres est important, ces primes de 0,1 % équivalent à de gros gains, pratiquement sans risque.
Un temps de latence peut aussi être obtenu en utilisant des ordinateurs ou des algorithmes plus rapides, avec le « tickertape trading » par exemple, où les ordinateurs lisent des annonces de données plus vite que les humains, ou ont accès à des données quelques microsecondes avant les traders. Cette avance de quelques microsecondes permet de passer des ordres avant les traders. Ceci est à mettre en lien avec « l’arbitrage d’événements », où l’ordinateur reconnaît la réaction des bourses à certains événements passés et peut ainsi réagir plus rapidement à n’importe quel événement annoncé. « L’arbitrage statistique » est réalisé par des algorithmes rapides qui recherchent des décalages entre les taux d’intérêt, rendements obligataires et taux de change du monde entier pour faire des transactions à partir de ces marges avant que le marché ne les corrige naturellement. Avec « l’arbitrage indiciel », les algorithmes connaissent la pondération des fonds indiciels. Quand les prix augmentent de manière disproportionnée dans un secteur, les fonds indiciels doivent recalibrer leurs portefeuilles pour maintenir leur pondération. Comme les traders haute fréquence ont un accès plus rapide au marché, ils peuvent utiliser des algorithmes pour prévoir l’achat et la vente de ces fonds indiciels quelques microsecondes avant leurs processeurs. Il y a beaucoup d’autres stratégies d’arbitrage qui dépendent de l’avance que des traders haute fréquence peuvent obtenir pendant la latence.
Dans certains cas, cette avance correspond à moins de 20 nanosecondes. Cette manipulation n’est pas légale pour des humains mais sa légalité pour des ordinateurs est une zone grise judiciaire exploitée par les acteurs du Trading Haute Fréquence. Le THF représente la plus grande partie des revenus des bourses, ce qui empêche les réformes de l’intérieur. Les associés des plus grosses firmes, telles que Tudor, Citadel, Renaissance et D.E. Shaw, se paient des dividendes de plus d’un milliard de dollars par an pour avoir raflé le marché avec ce genre de stratégies, en grande partie parce que le fait qu’il y ait un gros turnover chez les membres de la SEC et que les politiciens ne comprennent pas les détails de ce genre de transactions a pour conséquence que la moindre réforme a toujours des années de retard sur les marchés que le THF génère.