La variole aux Amériques

Article 6016 du CODEX: La variole aux Amériques

 

Certaines personnes estiment que la mort de 90 à 95 % de la population indigène du Nouveau monde a été causée par les maladies du vieux continent et on suppose que la variole en a été la principale responsable. En 1519, Hernán Cortés débarqua sur les côtes de l’Empire aztèque. En 1520, d’autres Espagnols arrivèrent d’Hispaniola, amenant la variole avec eux. Cortés les repoussa mais l’un de ses hommes contracta la maladie. Lors de la révolte des Aztèques contre Cortés, le soldat espagnol qui transportait la variole mourut. Quand Cortés retourna à la capitale, l’année suivante, la variole avait tué presque tous les guerriers aztèques et 25 % de la population. Cortés put ainsi avoir facilement le dessus sur les Aztèques et entrer à nouveau dans Tenochtitlán. Les Espagnols racontèrent ne pas pouvoir marcher dans les rues sans buter contre les cadavres des victimes de la variole. Les effets du virus sur l’Empire inca furent plus dévastateurs encore. Partant de Colombie, la variole se répandit rapidement, avant même que les envahisseurs espagnols n’arrivent. En quelques mois, la maladie avait tué l’empereur inca Huayna Capac, son successeur et la plupart des autres chefs. Francisco Pizarro sut, tout comme Cortés, tirer profit des luttes intestines et des trahisons pour capturer le chef ennemi et son meilleur général. En quelques année, la variole causa la mort de 60 à 90 % des Incas. En 1561, la variole arriva au Chili par la mer, lorsqu’un vaisseau transportant le nouveau gouverneur, Francisco de Villagra, débarqua à la Serena. Jusque-là, le Chili avait été isolé du Pérou par le désert d’Atacama et les Andes, mais les indigènes perdirent 20 à 25 % de leur population. Marmolejo, historien espagnol, rapporta que les mines d’or durent fermer quand toute la main d’œuvre indienne mourut.

En 1633, à Plymouth, dans le Massachussetts, les Amérindiens furent durement touchés par le virus. Comme cela avait été le cas ailleurs, la variole décima entièrement certaines tribus amérindiennes. Elle atteignit les Mohawks en 1634, la région du lac Ontario en 1636, et les terres des Iroquois en 1679. Il y eut plusieurs épisodes de variole particulièrement virulents à Boston : de 1636 à 1698, Boston traversa six épidémies. En 1721 eut lieu la plus grave d’entre elles : toute la population quitta la ville, transmettant le virus au reste des Treize colonies.

Dans les années 1770, la variole tua au moins 30 % des Amérindiens du nord-est.

 

La dernière grosse épidémie de variole des États-Unis se déroula à Boston entre 1901 et 1903. Durant cette période de trois ans, 1 596 cas furent déclarés dans toute la ville et 300 personnes moururent. Sur l’ensemble de l’épidémie, le taux de mortalité fut de 17 %. Pour tenter de contenir les différentes vagues, les services de santé publique de Boston lancèrent des programmes de vaccination volontaire : les gens pouvaient se faire vacciner gratuitement sur leur lieu de travail ou dans plusieurs centres médicaux de la ville. A la fin de l’année 1901, environ 40 000 habitants s’étaient fait vacciner contre la variole, mais, malgré le mal que se donnait la ville, l’épidémie continua à se propager. En janvier 1902, on lança un programme de vaccination porte-à-porte. Les fonctionnaires devaient soit vacciner les gens de force et leur faire payer une amende de 5 $ soit les envoyer 15 jours en prison. Ce programme de porte-à-porte rencontra une certaine résistance parce que certaines personnes craignaient que les vaccins soient dangereux et inefficaces. D’autres pensaient que la vaccination obligatoire relevait de la violation des libertés civiques individuelles. En 1905, la Cour suprême entérina la loi, stipulant qu’aucun citoyen ne pouvait refuser la vaccination obligatoire.