Article 2633 du CODEX: La franc-maçonnerie et la naissance de l’Amérique
Il y eut une autre étape importante dans ces prodigieux déplacements de pouvoir : la fusion du Grand Orient de France et du Rite écossais, la grande loge concurrente, en 1804. A l’époque, Joseph Bonaparte, le frère de Napoléon récemment couronné roi d’Espagne et d’Italie était grand maître du Grand Orient, et son jeune frère Louis Bonaparte, grand maître adjoint. Parmi les membres de cette nouvelle obédience se trouvaient plusieurs pères fondateurs des États-Unis. Benjamin Franklin était membre du Grand Orient français. George Washington appartenait à la loge de Fredericksburg. La charte n’a pas été conservée et le nom du maître fondateur a été effacé des archives mais son adoption assez tôt du Rite de l’Arche royale suggère qu’elle était en amitié avec la Grande Loge d’Angleterre.
La structure du rite sur lequel se basait le Grand Orient de France fut abandonnée en Angleterre lors des événements qui menèrent à la création de la Grande Loge unie d’Angleterre, en 1813, sans doute plus à cause de la Sainte-Alliance formée contre Napoléon Bonaparte que d’un débat sur les rituels. Les deux obédiences restèrent toutefois en bonne entente jusqu’aux années 1860. En 1868, le Suprême Conseil du Rite écossais ancien et accepté de l’État de Louisiane apparut dans la juridiction de la Grande Loge de Louisiane et fut reconnu par le Grand Orient de France mais fut considéré par les autres obédiences comme une invasion de leur juridiction. Le nouveau Rite écossais admettait les noirs.
L’année suivante, le Grand Orient décida que ni la couleur de la peau, ni la race, ni la religion ne pourrait empêcher un homme de prétendre à la franc-maçonnerie. La Grande Loge lui retira sa reconnaissance, ce qui poussa les autres grandes loges américaines à faire de même. Les tensions politiques entre la France et l’Angleterre se reflétèrent à l’époque dans ce retrait de leur reconnaissance mutuelle, qui n’a toujours pas été rétablie, bien que les deux nations se soient battues côte à côte pendant les deux guerres mondiales.