Le temps des Patriciens

L’âge de Thèbes – Quand Marduk mourut, à l’est de la Perse, son corps fut renvoyé au temple de Louxor, à Thèbes, durant la gérance de la Divine adoratrice d’Amon, Nitocris Ire, qui fut chargée de conserver son cadavre dans le temple jusqu’à sa mort en 585 av. J.-C. A ce moment-là, la chair s’était complètement desséchée. En 576 av. J.-C., Nabuchodonosor II, petit-fils de Marduk, se proclama premier Maître Suprême, avec l’appui de ses nombreux descendants. Mais les dirigeants du sud de l’Égypte refusèrent de se soumettre et Nabuchodonosor envahit donc Thèbes, y pénétrant pour la première fois en 564 av. J.-C. afin de réclamer les restes de son grand-père. En 563 av. J.-C, on fit pour la première fois acte d’obédience au tombeau. Tous les patriciens et les maisons de la région étaient présents pour introniser Nabuchodonosor II comme Bakhat Nasar, ou « Vainqueur du destin ». Nabuchodonosor II ramena ensuite le corps de Marduk à Babylone, sa capitale, dans le magnifique mausolée d’Esagil qu’il avait achevé pour son ancêtre et dieu.

Après la mort de Nabuchodonosor II et avant qu’une autre cérémonie d’Obédience ne puisse être organisée, son fils et successeur, Amel-Marduk, fut assassiné. En l’absence d’une succession claire, le conflit fut inévitable et il fallut attendre la bataille d’Opis, durant laquelle Cyrus le Grand vainquit l’usurpateur d’Amel-Marduk, pour qu’on décide enfin d’un nouveau Maître Suprême, lors de la deuxième Obédience, en 537 av. J.-C.

A la mort de Cyrus le Grand, en 530 av. J.-C, ses deux fils se partagèrent le royaume puis un troisième Maître Suprême fut nommé en la personne de Darius Ier, leur meurtrier qui était devenu le gendre de Cyrus en épousant sa fille Atossa. C’était lui-même un descendant direct de Marduk, par la maison des Achéménides. Il resta Maître Suprême jusqu’à sa mort en 480 av. J.-C. Le rôle passa sans heurt à son fils aîné Xerxès Ier, et, après son meurtre en 486 av. J.-C, à son fils, malgré la création de la ligue de Délos par certains patriciens de moindre importance qui refusaient de le reconnaître comme leur chef. A sa mort en 424 av. J.-C, son fils, Xerxès II, fut presque immédiatement assassiné par le fils de Sogdianos, lequel fut à son tour assassiné par un autre fils illégitime, Darius, qui fut roi jusqu’en 405 av. J.-C. Alors que Darius ne fut jamais reconnu par les patriciens, ses enfants furent, en vertu de son mariage avec la petite-fille de Darius I et d’Atossa, à la base de deux importantes lignées de Marduk. Artaxerxès II fut donc nommé sixième Maître Suprême, bien qu’il perdît Thèbes rapidement au profit d’Amyrtée, « donateur de Marduk », un autre descendant. Lorsqu’il mourut, en 358 av. J.-C., son quatrième fils accéda au pouvoir suite à la mort de ses trois frères aînés – au combat, par suicide et par meurtre. Il fut le sixième Maître Suprême jusqu’à sa mort en 338 av. J.-C., date à partir de laquelle éclata une nouvelle guerre ouverte contre la ligue de Délos et son dirigeant, Philippe II, roi de Macédoine. Artaxerxès III et la plupart de ses fils furent empoisonnés en 338 av. J.-C par le grand vizir Bagoas, qui fit ensuite monter sur le trône un roi fantoche, Darius III.

Le jeune fils de Philippe II, Alexandre le Grand, de la maison de Molossos par sa mère Olympias, entreprit d’envahir la Perse et mit en déroute trois grandes armées levées par Darius III. La victoire fut principalement attribuée au fait que certaines unités stratégiques des armées de Darius n’aient pas déployées, sur l’ordre de généraux qui avaient déjà fait défection. En 332 av. J.-C, l’oracle de l’oasis de Siwa proclama Alexandre huitième Maître Suprême, le roi des rois, le shahanshah, lors d’une grande cérémonie qui se déroula à Louxor, où le prétendant au trône Baogas fut exécuté lors d’un rite rassemblant Égyptiens, Perses et autres satrapes. Par la suite, il porta plusieurs fois les cornes de Marduk au cours d’événements importants – événements où elles apparurent en public pour les premières et les dernières fois. Un temple à la gloire d’Alexandre fut greffé au complexe de Louxor, après sa déification formelle. Peu après, Alexandre sombra dans les profondeurs de l’alcool et finit par être empoisonné, en 323 av. J.-C., au palais de Nabuchodonosor, par ses descendants. Ils avaient été scandalisés par la décision d’Alexandre de porter les cornes de leur ancêtre en public. Ils voyaient en en lui un descendant direct d’Hercule, bâtard de seconde zone, fils de Zeus et d’Alcmène, plutôt que de Marduk, qu’ils considéraient comme un dieu de race pure, fils de Baal et de Tiamat. Les Perses ignoraient que Marduk était, en fait, le fruit des amours secrètes de Baal et de la quarteronne Europe.

Alexandre fut enterré à l’intérieur d’un sarcophage en or rempli de miel. Ses généraux ramenèrent l’asullḫi de Marduk avec son corps, essayant de s’enfuir en Macédoine en possession de cet ultime symbole de pouvoir. Mais le cercueil fut volé lors du trajet du retour. Le sarcophage d’Alexandre fut transporté jusqu’à l’oasis de Siwa avec Ptolémée, lequel initia ensuite le culte de Sarapis pour remplacer les impopulaires cérémonies créées par Alexandre. Alors qu’il réussit à construire un empire durable pour ses descendants – sans les reliques de Marduk, sa légitimité ne fut revendiquée que par sa descendante Cléopâtre, 250 ans plus tard.

 

L’âge de Carthage et de Rome – Quelques patriciens, menés par les Barcides et soutenus par Ptolémée, réussirent à obtenir le corps de Marduk et à fuir à l’ouest, traversant la Libye jusqu’à Carthage. Ils réussirent à ne pas se faire poursuivre par les autres généraux d’Alexandre et le corps resta caché pendant près d’un siècle, plusieurs familles croyant qu’il avait été emmené à l’est, jusqu’en Inde. Il fallut attendre qu’Hamilcar Barca se sente assez puissant et appelle à l’Obédience, en 238 av. J.-C., pour que la maison des Barcides déclare être en possession des reliques. De nombreux patriciens vinrent par pure curiosité, mais ils confirmèrent que la corne était authentique, aussi Hamilcar fut-il proclamé neuvième Maître Suprême. L’empire de Carthage s’étendit à l’ouest depuis la Libye jusqu’en Espagne, à travers ce qui est aujourd’hui la Tunisie et le Maroc. De nombreux patriciens s’installèrent en Espagne où ils dirigèrent les lucratives mines hispaniques. Sous la menace d’une invasion de la Numidie, le Maître Suprême, à la tête de la famille des Barcides, choisit d’aller s’installer, lui aussi, à la Nouvelle Carthage, en Espagne. Il prit la tombe, ou asullḫi, avec lui.

Publius Scipion était un patricien romain de la maison de Cornelia – corneus signifiant « de la corne », et on disait que les membres de cette famille faisaient partie de ceux qui avaient fondé Rome. Publius Scipion fut tué par Hasdrubal Barca. Son fils se porta volontaire pour venger sa mort et mena une attaque surprise couronnée de succès contre la Nouvelle Carthage, en 209 av. J.-C. La façon dont il traita la jeune fiancée du prince Allucius, et leur échange de cadeaux, devinrent légendaires. Allucius, gardien de la tombe, se rangea du côté de Scipion contre les Barcides et lui indiqua l’emplacement secret de l’asullḫi de Marduk dans la ville. Scipion réenterra la tombe à Rome, dans le temple de Jupiter – nom latin de Marduk – qui venait d’être construit. Les membres de la famille Cornelia, en tant que Maîtres Suprêmes, dominèrent la politique romaine pendant les 150 années suivantes, occupant un tiers de tous les postes de consuls du sénat romain.

Un désaccord dans la famille Cornelia provoqua une guerre civile entre Lucius Cornelius Sulla et Lucius Cornelius Cinna. Jules César, de la maison des Jules, un jeune grand prêtre du temple de Jupiter – où se trouvait le cercueil de Marduk, épousa Cornelia, fille de Cinna, mais suite à la victoire de Sylla, il fut déshérité et perdit sa charge au temple, se réfugiant alors dans l’armée. Ses nombreuses victoires lui apportèrent richesse, pouvoir et ennemis. De sa liaison durant quatorze ans avec Cléopâtre, descendante directe de la maison des Achéménides et de Ptolémée, naquit un fils. Et c’est aussi à ce moment-là que l’empire romain passa au calendrier égyptien, basé sur le soleil plutôt que la lune. Jules César devint Maître Suprême et le resta jusqu’à son assassinat, mais son petit-neveu Auguste prit possession du titre et affirma son rôle en apportant à Rome ses deux premiers obélisques, pris à l’entrée du temple de Louxor, à Thèbes.

Les patriciens finirent par prendre le contrôle de l’Église chrétienne primitive, à l’époque de l’empereur Constantin. Toutes leurs dates et leurs rituels furent transférés dans le calendrier chrétien et les offices religieux. Les adeptes des évangiles, connus ultérieurement sous le nom de gnostiques, furent persécutés et tués. En 340 après J.-C., la menace pesant sur Rome, on prit la décision de déplacer la tombe à Byzance, où elle resta jusqu’à ce qu’une attaque surprise des Ottomans ne la fasse tomber aux mains des forces musulmanes, lorsque la ville fut assiégée et chuta, en 1453. Ceci fut perçu comme un cataclysme par les patriciens et les maisons d’Europe occidentale.