Terres rares

Article du CODEX: Terres rares

 

Les terres rares sont un groupe de 17 éléments comprenant le scandium, l’yttrium et les lanthanides. Les principales sources de terres rares exploitées commercialement sont les minéraux suivants : la bastnaesite, la monazite, la loparite et les argiles latéritiques à adsorption ionique. Ces éléments sont classés selon leur abondance : le 25e élément le plus abondant des 78 éléments communs de la croûte terrestre est le cérium, avec une abondance à 60 parties par million (ppm). Les éléments les moins abondants sont le thulium et le lutécium, avec une abondance à 0,5 ppm.

Jusqu’en 1948, la plupart des terres rares mondiales venaient d’Inde et du Brésil. Dans les années 50, elles provenaient toutes d’Afrique du Sud. Des années 60 aux années 80, la mine de terres rares de Mountain Pass, en Californie, a fait des États-Unis le producteur principal. Aujourd’hui, les gisements de l’Inde et de l’Afrique du Sud produisent encore des concentrés de terres rares, mais ils sont insignifiants par rapport à la production chinoise : en 2017, la Chine produisait 81 % des terres rares, exploitées essentiellement en Mongolie-Intérieure, bien qu’elle ne possède que 36,7 % des réserves. Toutes les terres rares lourdes, comme le dysprosium, proviennent de Chine.

Comme les terres rares sont beaucoup utilisées dans les technologies de pointe, la demande croissante a tendu les flux d’approvisionnement et on s’inquiète de plus en plus d’une potentielle pénurie de terres rares. Les nouveaux produits qui utilisent ces matériaux sont les smartphones, les appareils photo numériques, les composants d’ordinateurs, les panneaux solaires et les équipements militaires.

La Chine a annoncé des régulations sur les exportations et une répression de la contrebande. Depuis 2009, elle continue à réduire son quota d’exportation. En 2011, elle a stoppé la production de trois de ses huit mines principales de terres rares, lesquelles exploitaient près de 40 % de la production totale chinoise. En mars 2012, les États-Unis, l’Europe et le Japon ont affronté la Chine lors d’une réunion de l’Organisation mondiale du commerce à propos de ces restrictions sur les exportations et sur la production. La Chine a répondu en affirmant que les restrictions avaient une visée environnementale. En 2012, elle a annoncé une réduction supplémentaire de sa production de 20 %. Les États-Unis, le Japon et l’Europe ont conjointement intenté, avec l’OMC, une action en justice contre la Chine, arguant que cette dernière ne devrait pas être en mesure de s’opposer à de telles exportations. Le résultat de la demande accrue et des restrictions renforcées sur les exportations de métaux provenant de Chine est que certains pays font des réserves de terres rares. On cherche des sources alternatives en Australie, au Brésil, au Canada, en Afrique du Sud, en Tanzanie, au Groenland et aux États-Unis. En 2010, un gros gisement de minéraux de terres rares a été découvert au sud du Groenland. L’Union européenne a exhorté le pays à limiter les projets de développement chinois sur place.

Une importante réserve estimée à 1 000 milliards de dollars a été découverte en Afghanistan¹. L’Afghanistan est riche en minéraux grâce à des gisements dus à la violente collision du sous-continent indien avec l’Asie. L’USGS (United States Geological Survey), Institut d’études géologiques des États-Unis, a commencé à évaluer les ressources afghanes après le départ des Talibans, que les forces menées par les Américains ont chassés du pouvoir en 2004. En 2006, cartes géologiques soviétiques à l’appui, les chercheurs américains ont effectué des missions aériennes pour faire des levés topographiques magnétiques, gravimétriques et hyperspectraux de l’Afghanistan, parfois sous le feu de l’ennemi. Plus de 70 % du territoire a été cartographié en seulement deux mois.

Les levés ont confirmé les principales découvertes des Soviétiques : l’Afghanistan pourrait posséder 60 millions de tonnes de cuivre, 2,2 milliards de tonnes de minerai de fer, 1,4 million de tonnes de terres rares et beaucoup d’aluminium, d’or, d’argent, de zinc, de mercure et de lithium.

En 2010, les données de l’USGS attirèrent l’attention de la TFBSO (Task Force for Business and Stability Operations), unité opérationnelle du département de la Défense des États-Unis, dont la mission est de reconstruire l’Afghanistan en soutenant le commerce et en garantissant la stabilité politique. Ces quatre dernières années, l’USGS et la TFBSO ont entrepris des dizaines d’excursions dans des zones de combat, prélevant et analysant des échantillons de minéraux pour confirmer les découvertes aériennes.

Les prélèvements continus d’échantillons impliquaient la présence d’hélicoptères et, étant donné que les équipes ne pouvaient pas rester trop longtemps sur le terrain, d’escortes militaires pour assurer leur protection.

Le gouvernement afghan a depuis signé un contrat de 3 milliards de dollars, d’une durée de 30 ans, avec l’entreprise d’extraction minière China Metallurgical Group Corporation, entreprise d’État basée à Pékin, pour exploiter le gisement de cuivre de Mes Aynak. En outre, les droits d’exploitation du plus gros gisement de fer ont été cédés à un groupe indien.

A titre d’exemple, le gadolinium est entre autres utilisé pour les lasers, les tubes à rayons X, les mémoires à bulles d’ordinateurs, la capture neutronique, les produits de contraste pour IRM, les alliages magnétostrictifs, les détecteurs à scintillation pour la tomographie par émission de positons, le substrat pour films magnéto-optiques, les supraconducteurs à haute température ultraperformants, les électrolytes céramiques utilisés dans les piles à combustible à oxyde solide, et pour les détecteurs d’oxygène.

 

 

 

 

 

 

¹ Charles Q. Choi Live Science Sept 2014