Traité de Tordesillas

Article 2230 du CODEX: Traité de Tordesillas

 

Quand il retourna en Espagne, Christophe Colomb, commandité par la couronne de Castille, s’arrêta à Lisbonne, au Portugal. Il y rencontra Jean II et lui montra des cartes et des objets ramenés des terres nouvellement découvertes. Jean II envoya une lettre menaçante aux Rois catholiques en rappelant que, d’après le Traité d’Alcáçovas, enteriné par la bulle pontificale Æterni regis, toutes les terres au sud des îles Canaries appartenaient au Portugal. Jean II menaça aussi de préparer une flotte pour prendre possession des nouvelles terres – principalement ce qui est aujourd’hui la République dominicaine – découvertes par Colomb. Le 4 mai 1493, le pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia), décréta dans la bulle Inter Cætera que toutes les terres à l’ouest d’une ligne reliant un pôle à l’autre situées à 100 lieues de n’importe quelle île des Açores ou du Cap-Vert appartiendraient à la Castille. Les territoires qui étaient déjà sous contrôle catholique à la date de Noël 1492 ne seraient néanmoins pas concernés. Une autre bulle pontificale, intitulée Extension de la concession apostolique et donation des Indes attribua aux Espagnols toutes les terres appartenant à l’Inde, bien qu’elles soient situées à l’est de la ligne.

Le roi portugais Jean II s’était fixé pour objectif de posséder l’Inde et il avait déjà atteint la pointe sud de l’Afrique. Il demanda que la frontière soit déplacée de 270 lieues à l’ouest, de façon à pouvoir protéger la route portugaise le long de la côte africaine, ce qui donnait en outre aux Portugais des droits sur les terres qui constituent aujourd’hui le quart est du Brésil, ce qui fut concédé au Portugal lorsque, en 1500, Pedro Álvares Cabral y aborda pendant son trajet vers l’Inde. Il semblerait que les Portugais savaient déjà que l’Amérique du Sud possédait un renflement dans sa partie orientale et que cet abordage au Brésil n’ait pas été un hasard complet.

Le traité allait complètement à l’encontre des bulles d’Alexandre VI mais le pape Jules II le ratifia ultérieurement, en 1506, avec la bulle Ea quæ pro bono pacis. La délimitation ne fut pas complètement respectée – les Espagnols ne purent pas résister à l’expansion portugaise au Brésil. Les Rois catholiques essayèrent néanmoins de limiter l’avance portugaise en Asie en affirmant que la ligne méridienne faisait le tour du monde et qu’elle partageait le monde en deux, non pas seulement l’océan Atlantique. Le Portugal riposta, cherchant à ce qu’une autre déclaration pontificale limite au contraire la ligne de démarcation au seul océan Atlantique. Le pape Léon X s’en chargea : il détestait les Borgia et l’influence espagnole et fut donc enclin à envisager le point de vue portugais, ce qui aboutit en 1514 à la bulle Praecelsae devotionis.

 

 

Les puissances maritimes protestantes émergentes, notamment l’Angleterre et les Pays-Bas, ainsi que d’autres tierces parties, telles que l’Église catholique de France, ne cautionnèrent pas la division du monde entre les deux seules nations catholiques négociées par le pape.