L'Hekla

Article 3440 du CODEX : L’Hekla

 

L’Hekla était endormi depuis au moins 250 ans quand il entra en éruption, en 1104, et recouvrit de cendres plus de la moitié de l’Islande. Il s’agissait de la deuxième plus grosse éruption recensée dans le pays. La nouvelle se répandit dans toute l’Europe. On qualifia dès lors la montagne de « Portes de l’Enfer » – ce jusqu’au XIXe siècle – ou de « prison de Judas ». Le livre de Flatey raconte que, lors de l’éruption de 1341, les gens virent ce qui leur apparut comme de gros oiseaux se jeter dans les flammes du volcan. On pensa qu’il s’agissait d’âmes de défunts. Par ailleurs, Hekla signifie « courte cape à capuchon » en référence à la fumée qui « capuchonne » en permanence son sommet, conséquence de sa constante faible activité. Le volcan a produit un cumul d’environ 8 km3 de lave, l’un des plus gros volumes du monde de ce dernier millénaire.

 

L’Hekla est situé à la jonction de deux failles, au point de rencontre entre la zone sismique du sud de l’Islande et la zone volcanique de l’est. Avec le Callaqui, au Chili, ce sont les deux seuls volcans à être composés d’un mélange de lave et de téphra. L’Hekla se trouve sur une longue faille volcanique dont fait partie la fissure d’Heklugjá. Cette fissure de 5,5 km de long s’ouvre sur toute sa longueur pendant les plus grosses éruptions. Elle est également alimentée par une chambre magmatique située à 4 km de profondeur. Le téphra produit par les éruptions est riche en fluor, une substance toxique pour les animaux. C’est le seul volcan islandais qui produise des laves calco-alcalines. L’Hekla est aussi anormalement asismique : il ne manifeste pas la moindre activité sismique jusqu’à 30 minutes avant une éruption. La montagne est déjà restée en activité pendant six ans sans interruption et les éruptions sont variées et imprévisibles. L’une des plus grosses éruptions qui aient eu lieu pendant la période holocène en Islande a été celle de l’Hekla en 1000 av. J.-C. 7,3 km3 de pierre volcanique ont été projetés dans l’atmosphère. Ceci aurait refroidi les températures du nord de la planète durant quelques années et des échantillons prélevés sur des arbres montrent une croissance négligeable des cernes pendant dix ans.

 

En 1693, une éruption qui dura sept mois provoqua une importante avalanche de boue et un tsunami. En 1766 et 1845, deux éruptions qui se prolongèrent pendant deux ans projetèrent des bombes volcaniques jusqu’à 20 kilomètres. Les pentes du volcan furent inondées par la fonte de la neige et de la glace. Les rivières devinrent si chaudes que les poissons moururent. La deuxième plus grosse coulée de lave du XXe siècle se déroula en 1947-1948 et l’Hekla passa d’une altitude de 1 447 m à 1 503 m. On entendit le grondement sonore de l’éruption, assortie d’un tremblement de terre, dans toute l’Islande et on trouva une bombe volcanique à 32 km de l’Hekla. Deux jours après le début de l’éruption, des cendres tombèrent sur Helsinki, en Finlande. Elles avaient parcouru 2 860 km en vingt-quatre heures! Il y eut d’autres éruptions moins importantes en 1970, 1980, 1991 et 2000.

 

Jusqu’à cette dernière éruption, on pensait que l’Hekla ne pouvait pas produire le phénomène volcanique le plus redouté : la nuée ardente. Or, en 2003, on a signalé que des traces de coulée pyroclastique de 5 km de long avaient été relevées sur le flanc de la montagne. Il fut un temps où la région de l’Hekla était boisée. Les forêts sont bien plus résistantes aux chutes de cendres et de pierres ponces que la végétation basse. Après une éruption, presque toutes les zones qui se retrouvent en sommeil après de nouvelles coulées de lave sont rapidement colonisées par des mousses qui grossissent jusqu’à former une couche homogène qui peut atteindre 20 cm en 50 ans.