Article 7500 du CODEX: Voyage par distorsion
La propulsion Alcubierre, d’abord proposée par le spécialiste en physique théorique Miguel Alcubierre, en 1994, est conforme à la théorie de la relativité générale d’Einstein et à la mécanique quantique, tout en rendant possible le voyage supraluminique, c’est-à-dire un déplacement effectué à une vitesse supérieure à la vitesse de la lumière. Le vaisseau spatial se trouve en haut du tissu de notre espace-temps ; la distorsion tire le tissu autour de lui et le vaisseau se déplace alors dans un nouvel endroit par rapport au tissu. Selon Alcubierre, l’espace-temps s’étire d’un côté du vaisseau et se contracte de l’autre, grâce à une énorme quantité d’énergie et à l’utilisation de l’énergie négative.
Dans les travaux théoriques ultérieurs de Krasinov, en 2003, l’échelle de l’énergie nécessaire a été réduite à -0,068 masse solaire négative ou à -6×1045 joules, contre -6×1065. Van Den Broeck a proposé d’autres modifications de la géométrie d’Alcubierre nécessitant des besoins en énergie de -6×1021 joules. Pour donner un ordre d’idée, un an d’énergie solaire correspond à -6×1021 joules. Les modèles doivent faire baisser ces chiffres à des niveaux d’énergie qui correspondent, par exemple, à une seconde de chaleur solaire, une année de chaleur volcanique ou toute l’énergie contenue dans la ceinture de Van Allen, soit -6×1015 joules. L’effet Casimir a donné un aperçu des méthodes qui permettent d’extraire l’énergie négative.
Un autre paradoxe, en plus des limites actuelles de la densité d’énergie négative, a freiné le modèle d’Alcubierre : l’incapacité de contrôler la direction du vaisseau spatial. Grâce à un financement de la NASA, Harold White, docteur en physique et spécialiste de la propulsion avancée, a suggéré que si le vaisseau spatial établissait au départ une vitesse subluminique dans sa direction de vol avant d’initier le champ, l’impulsion du champ agirait sur la vitesse initiale comme un multiplicateur scalaire, ce qui entraînerait une vitesse apparente beaucoup plus élevée. En 2011, White mena une analyse sur la sensibilité du champ d’après le modèle d’Alcubierre et remarqua que la distorsion de départ créait un champ relativement faible, l’énergie négative du vide présente sur le côté de l’aéronef se retrouvant poussée à l’intérieur d’un pli de l’espace-temps. En créant un champ bien plus puissant, on réduisait la contrainte sur l’espace-temps. Si les scientifiques parvenaient à créer ce qu’on appelle la « masse négative » qu’exige la métrique d’Alcubierre, on pourrait faire un essai modeste dans l’atmosphère terrestre et envoyer des charges utiles dans l’espace.
Il semble que plusieurs autres problèmes, comme le rayonnement de Hawking, aient été éliminés par des travaux supplémentaires, faisant passer le concept d’impossible à plausible.