Saint Pierre, sainte Pétronille, Marie et l’ancienne basilique Saint-Pierre

Article 5200 du CODEX: Saint Pierre, sainte Pétronille, Marie et l’ancienne basilique Saint-Pierre

 

Dyeus Pater – Dieu Suprême proto-indo-européen Dhéǵhōm Mata Mryt-Ymn « Merit-Amun, bien-aimée d’Amon »
Dyaus Pita – Divinité Suprême hindoue Dea Matrona – Déesse Suprême franque Marie, Myriam en hébreu
Dieus (Zeus) Pater – Divinité Suprême grecque Dioné – Déesse Suprême grecque
Iup Piter – Divinité Suprême romaine Magna Marta – Grande Mère des dieux, Déesse Suprême romaine (Cybèle) Mater Dei – (Marie) Mère de Dieu

 

Deus, à l’origine Dieus ou Zeus, et Pater étaient deux mots puissants linguistiquement bien avant saint Pierre. En effet, Pita ou Pata faisait partie de l’étymologie des dieux, dans la religion de Mithra par exemple, où le novice, après s’être soumis à une série d’épreuves – jeûne prolongé, flagellation, passage à travers l’eau et le feu – obtenait le titre de Pater. En outre, Jésus donna à Simon le nom de Cephas, qui signifie roc en araméen mais fut changé en Pierre en français, Petrus en latin, mot qui a une étymologie différente. Il n’y a pas aucune trace dans la Bible d’un Cephas qui serait allé à Rome et, des cinquante chrétiens que saint Paul mentionne avoir rencontrés à Rome, aucun ne porte le nom de Cephas. La référence la plus ancienne se trouve dans un document qui date de 202 apr. J.-C. qui affirme que Cephas et Paul fondèrent l’Église de Rome. Puis, en 220 apr. J.-C., nous avons la première description de la mort de Cephas par crucifixion, sur ordre de Néron.

Quoi qu’il en soit, cela devint une tradition, aux alentours de 100 apr. J.-C., de faire des offrandes aux premiers martyrs de l’Église dans un petit sanctuaire de la nécropole située près du cirque de Néron. Le site se trouva d’abord à l’est de la Via Cornelia qui longeait la partie nord de la piste de course de chars de Néron, où bon nombre des premiers chrétiens avaient connu le martyre. Sur un mur – appelé mur des graffitis – qui se trouve à proximité, sous l’autel de la basilique, il y a des inscriptions chrétiennes et on pense que c’est ici qu’avaient lieu les vénérations. Pendant les trois siècles suivants, on continua à construire des mausolées aux alentours du site, finissant par l’enceindre étroitement sur trois côtés. Alors que la crémation était ce qui se pratiquait normalement au 1er siècle apr. J.-C., de nombreux papes se donnèrent un mal fou à essayer, sans succès, de trouver les os de saint Pierre lors de la préparation de leur enterrement à ses côtés.

L’étape principale de la construction de la première – ou ancienne – basilique Saint-Pierre eut lieu entre 320 et 330 apr. J.-C., avec la bénédiction de l’empereur Constantin. Il faut bien comprendre qu’à cette époque Constantin ne se trouvait pas à Rome et qu’il y avait d’autres lieux de culte importants dans la ville.

Plautius Lateranus, de la célèbre famille de politiciens des Laterani, qui avait échappé à une exécution pour son aventure avec la femme de l’empereur Claude, n’en réchappa pas lorsqu’un complot contre la vie de Néron fut découvert. La maison familiale, le magnifique palais du Latran, fut confisquée puis tomba entre les mains de Fausta, la femme de Constantin. Après avoir étouffé cette dernière dans les vapeurs d’un bain chaud, l’empereur fit don du bâtiment au pape Sylvestre Ier. Ce don fut ensuite compris dans la factice Donation de Constantin, créée par le pape Étienne II pour s’octroyer la totalité de Rome et une bonne partie de L’Empire romain d’Occident. C’était là le fruit de sa négociation avec Pépin le Bref, rois des Francs. Le bâtiment fut plus tard agrandi et devint l’archibasilique Saint-Jean-de-Latran, la plus grande église de la chrétienté.

Un certain nombre de bâtiments avec des temples de Mithra dans leurs fondations furent convertis en églises. De récentes fouilles archéologiques ont confirmé la présence de mithraea sous la basilique Saint-Clément et l’église Santa Prisca, ce qui est sans doute le cas dans d’autres églises.

C’est dans ce contexte que l’on construisit, en l’absence de Constantin, une seconde basilique sur ce qu’on appelait alors le sanctuaire de saint Pierre. L’empereur ne fut à Rome que quelques mois en 326, pour célébrer le vingtième anniversaire de son ascension et présenter les décorations fabuleuses de la basilique. Lampadius dirigeait l’empire à cette époque. Lui et sa famille vénéraient la déesse Magna Marta et participaient à des tauroboles, ou sacrifices de taureaux, sur ce qui est aujourd’hui la place Saint-Pierre. Lors du rituel du taurobole, le grand prêtre et initié se tenait à l’intérieur d’une fosse. Celle-ci se trouvait au centre de l’espace où trône à présent l’obélisque du Vatican, quatre autels étant positionnés face aux quatre points cardinaux. Le taureau était amené dans la fosse puis sacrifié sur les autels : son sang coulait, aspergeant le prêtre. On prélevait ensuite les testicules de l’animal et les présentait sur l’un des autels, ceci en référence à l’histoire de Magna Marta (Cybèle) qui aimait tant l’humain Attis que celui-ci ne parvint à échapper aux avances de la déesse qu’en s’auto-castrant avant de se suicider. Zeus le ressuscita par la suite. Ces pratiques continuèrent régulièrement devant la nouvelle église construite en l’honneur de saint Pierre et devant la chapelle érigée pour sa fille.

La fille de saint Pierre, sainte Pétronille, n’a certainement jamais existé. Elle n’apparaît pas dans le martyrologe hiéronymien. Avant la déification de Marie, les premières martyres chrétiennes étaient les seuls éléments féminins que l’Église vénérait. La légende de la beauté d’Aurelia Petronilla, ses fiançailles avec un roi et le jeûne qu’elle entreprit pour conserver sa virginité et dont elle mourut, tout cela correspond d’un peu trop près à la vie de l’impératrice Maria, la femme initialement enterrée dans ce qui devint la chapelle de sainte Pétronille. Ce bâtiment était à l’origine le mausolée d’Honorius. L’impératrice fut donnée en mariage à Honorius, le dernier empereur de Rome alors qu’il avait 10 ans, en 394. Elle était si belle que son absence de sang royal ne constituait pas un obstacle. Elle mourut à Ravenne 13 ans plus tard, vierge, âgée de 21 ans, a-t-on estimé.

Le schisme entre saint Paul et Jacques, frère de Jésus, le premier évêque de Jérusalem, qui n’étaient pas d’accord au sujet de l’acceptation des gentils (les non-juifs) dans l’Église, de la circoncision et des sacrifices d’animaux, fit que l’Église des gentils put donner à Myriam (Marie) une place centrale en tant que deuxième Ève, Mère de Dieu à jamais vierge, ou nouvelle Dea Matrona. La vénération mariale fut approuvée théologiquement lors du concile d’Éphèse, en 431. Cela permit de ne rénover que très légèrement les temples des déesses nouvellement acquis, sans avoir à remplacer à grand frais leurs abondantes statues et mosaïques. Les histoires chrétiennes furent modifiées, inventées ou copiées pour correspondre aux illustrations des mosaïques. Dans tout Rome, pendant des siècles, on se livra à un véritable pillage, ou spolia, des bâtiments, mausolées, temples – histoires, même –dédiés aux déesses. Les statues d’Orphée devinrent celles du Bon Pasteur ; la vierge et l’enfant remplacèrent Isis et Horus, ou Sémiramis et Tammuz, ou la Dea Matrona.

 

saint pierre

 

Isis aux ailes déployées, coiffe solaire et croissant de lune ont aussi été assimilés par l’iconographie chrétienne.

 

 

Par exemple, en 750 apr. J.-C., le pape Zacharie transforma les temples de Minerve, Isis et Sarapis, qui devinrent Santa Maria sopra Minerva, la basilique de la Minerve, avec un couvent attenant.
Chez les Francs, au 8e siècle, la Dea Matrona, d’où la Marne tire son nom, était toujours la divinité de prédilection. Cette divinité ancienne fut petit à petit usurpée par la Mater Dei, la nouvelle Mère de Dieu. Le successeur de Zacharie, Étienne II, fut élu à la hâte alors que Rome s’affaiblissait sous la menace des chefs lombards rebelles. Le pape, sa prétendue Donation de Constantin en main, signa un traité avec le puissant chef franc Pépin le Bref pour faire reculer l’armée lombarde. Pépin livra ensuite au pape les territoires lombards, qui devinrent les premiers États pontificaux. En contrepartie, le pape fit de Pépin le Bref le légitime Roi des Francs et de ses fils Charlemagne et Carloman les fils adoptifs de saint Pierre. Sainte Pétronille devint quant à elle patronne nationale de la France, et sa chapelle la chapelle de France, lieu de sépulture des rois français.