Myxomatose

ARTICLE 6022 DU CODEX: Virus de la myxomatose

 

En Australie, quelques lapins de garenne ramenés d’Europe et introduits pour la chasse, au milieu du 19e siècle, proliférèrent jusqu’à atteindre des centaines de millions d’individus, ce qui était une menace pour les récoltes. En 1950, des chercheurs découvrirent qu’une variante de variole trouvée sur des lapins d’Amérique du sud était mortelle pour leurs cousins européens. Les autorités lâchèrent le virus dans la nature, réduisant la population des lapins de 99 %. Quelques années plus tard, le virus fut également introduit en France et il se propagea jusqu’au Royaume-Uni. Des milliards de lapins moururent. Mais en une décennie, la résistance au virus augmenta, et le nombre d’individus avec. Les lapins devenaient résistants en apportant des modifications génétiques à leur ADN, généralement en opérant un changement dans la fréquence de certaines versions, ou allèles, d’un gène. Il est frappant de constater que ces changements s’opérèrent en même temps chez les lapins d’Australie et d’Europe, preuve d’une évolution parallèle. Un changement d’allèle affectait les interférons des lapins, des protéines libérées par des cellules immunitaires qui tiraient la sonnette d’alarme en cas d’attaque virale et permettaient le déclenchement d’une réponse immunitaire. En comparaison avec les lapins d’avant les années 50, les lapins modernes créèrent un interféron qui répondait mieux au virus utilisé pour la lutte biologique. Dans les années 70, le virus devint de plus en plus apte à supprimer les réponses immunitaires du lapin. Bien qu’il y ait eu des évolutions parallèles chez les lapins, les virus varioliques responsables de la myxomatose sur les différents continents prirent des chemins génétiques distincts pour retrouver leur vigueur. Mais c’est le nouveau virus hémorragique du lapin (VHL) qui fit à nouveau baisser les chiffres dans les années 90 et, comme le nombre de lapins augmente toujours, les scientifiques cherchent à transformer le VHL2 en arme biologique pour décimer les lapins une fois de plus. Les microbiologistes de l’évolution suggèrent que la contre-attaque virale de la myxomatose est « un conte moral » pour les chercheurs qui cherchent à prendre en charge la course à l’armement évolutionniste en introduisant des agents de lutte biologique ou en rendant les humains ou le bétail plus résistants aux maladies, suggérant d’être prudent avec l’évolution et la contre-évolution car « le lapin n’a pas gagné ».