Hygiène du temple

ARTICLE 1540 DU CODEX : Hygiène du temple

 

Le lavage intensif, l’utilisation d’antiseptiques et même l’épilation, ont été au cœur des protocoles d’hygiène pendant des millénaires. Ceci s’appliquait tout particulièrement dans le sanctuaire intérieur, lorsque l’on servait la nourriture au dieu, par exemple, pour Yahweh, dans le Tabernacle et dans le temple de Salomon¹. Sanctuaire ultérieurement appelé le Sanctum Sanctorum dans les églises chrétiennes, le Saint des Saints dans les synagogues, ou le Garbhagriha dans les temples hindous. Franchir le voile du temple sans autorisation était synonyme de mort instantanée². d’où la signification profonde de Jésus le déchirant en deux. La virginité était un prérequis pour rejoindre le harem de dieu et les prêtres procédaient à des inspections rigoureuses. On baignait le corps des vierges dans de l’huile de myrrhe et prêtres et gardes portaient de l’encens, les deux substances ayant de puissantes vertus antivirales et antibactériennes.

Du pain azyme, du vin, de l’agneau rôti ou de la volaille, préparés selon des consignes précises, constituaient la nourriture présentée au dieu³. Ceci est souvent confondu avec le Rituel du Sang, rituel distinct qui se déroule dans la salle principale, sur l’« autel près de la porte»4 ou « devant le voile »5. Ceux qui apportaient la nourriture étaient les Grands Prêtres, les plus hauts responsables religieux. Dans le cas de Yahweh, il s’agissait d’Aaron et de ses fils. La pièce et tous les ustensiles devaient être minutieusement lavés dans des huiles antiseptiques sept fois avant l’arrivée du dieu. On utilisait dans cette pièce des vêtements spéciaux et un équipement pour la tête qui ne pouvaient pas quitter le sanctuaire. Le Grand Prêtre qui servait la nourriture portait également l’urim et le thummim, traduits par « lumière et innocence », objets qui étaient attachés à sa poitrine et qu’on connaît mal.

La moindre erreur dans le déroulement des procédures d’hygiène était passible de peine de mort. Aaron vit ses deux fils, Nadab et Abihu, éviscérés par Yahweh pour avoir utilisé le mauvais encens6. On ne portait que quelques fois les vêtements à l’intérieur de la pièce avant de les brûler. Les Grands Prêtres ne pouvaient pas assister à des funérailles et étaient exclus du temple s’ils avaient été en contact avec un malade au cours des 21 derniers jours.

On exigeait des Lévites, responsables du Tabernacle, et plus tard, du Temple de Salomon, qu’ils se rasent entièrement le corps7.

Avant d’entrer dans le temple de Baal ou de Marduk, tous les fidèles devaient se laver à l’eau trois fois. Cette pratique existe encore aujourd’hui avec Netilat Yadayim, rituel des juifs orthodoxes qui consiste à se laver les mains trois fois avant la prière, ou avec le mikvé. Le wudu dans l’islam et de nombreux autres ablutions rituelles font aussi écho à cette pratique. On trouve dans la cour de certaines anciennes églises chrétiennes de grosses fontaines. Et des monastères plus vieux encore possèdent un lavabo dans un cloître hexagonal à l’entrée de la chapelle8. Dans la sacristie, on perpétue la tradition d’interdire que des vêtements entrent ou sortent du sanctuaire intérieur.

 

 

Références:

¹ Lév. 8:1-13; Lév. 11; Lév. 13; Lév. 16:4-23; Lév. 21
² Lév. 16
³ Nom. 28:1-31; Lév. 2
4 Lév. 1:5
5 Lév.4:17
6 Lév. 10
7 Nom. 8:6
8 Abbaye du Thoronet